Réduire le stress (donc le risque ultérieur de maladies cardiovasculaires), stimuler la mémoire et l’apprentissage, résister aux virus du moment : la sieste n’aurait que des avantages. Du tout bon pour les étudiants, donc, et particulièrement ceux de Lille, que l’université entend dorloter avec des espaces prévus pour un petit roupillon...
Je suis le seul à trouver ça (la sieste, mais aussi tout l’article/projet de l’université) un peu… infantilisant, pour ne pas dire… très beaucoup? Ils sont censés entrer à la fac, pas en maternelle…
OK, il semble très probable que je sois un horrible vieux con (j’assume être le premier, et je suis très probablement l’autre également) et il semblerait aussi que je ne comprenne rien aux difficultés des jeunes d’aujourd’hui (je veux bien le croire) mais je me demande vraiment qu’elle est la finalité d’une telle démarche et ce qu’elle dit de l’efficacité de l’éducation des enfant/ados (ce que ces jeunes étaient il y a peu encore)?
Je veux dire, entrant à la fac ils sont censés avoir le droit de vote, le droit de conduire, de picoler et aussi de jouer au docteur, et on en est à leur expliquer comment faire dodo (et pourquoi c’est important) et comment dire bonjour aux autres étudiants de leur âge, comment remplir un formulaire ou comment faire une démarche administrative?
C’est quoi la suite? Le jour de la rentrée ces jeunes adultes recevront une formation accélérée sur l’art de nouer leur lacets correctement pour ne pas risquer de se casser la figure en marchant dessus en se rendant d’un auditorium à un autre, ainsi qu’un bavoir et un biberon avec un mode d’emploi illustré (pour éviter qu’ils se blessent en essayant de les utiliser seuls)?
OK, je trolle mais ça me laisse sincèrement très perplexe.
Donc, plus sérieusement: si les jeunes ont besoin de ça, c’est très bien de le leur donner, évidemment, mais je doute que 12 millions et deux petits lits fassent une réelle différence. Parce le souci c’est qu’ils ne devraient pas en avoir besoin parce que ce que ça semble vouloir compenser sont deux des choses qu’ils sont censés avoir apprises en grandissant, aussi bien auprès de leur famille qu’à l’école: se débrouiller et se gérer. Si on réalise (un peu tard) que ce n’est pas le cas et qu’ils ont besoin d’aide, c’est pas à la fac qu’il faut intervenir, c’est en amont. Loin en amont.
Je vais te raconter un bout de mon quotidien à l’époque de la fac :
Puis tu rentres chez toi, t’es en cité U parce que t’es pauvre, mais les murs sont en papiers crépons, tes voisins sont du monde entier et font 'eyr WhatsApp à pas d’heures, d’autres font la fête, les chiottes sont au bout du couloir. Donc ouais, sommeil agité.
Donc t’as une vie précaire, j’ai passé des heures à pieuter sur des sièges en alu dans les salles de cantines, sur les tables de la BU, dans les bancs, et mêmes dans les couloirs des étages supérieures (où j’étais pas le seul).
Alors oui, je trouve cette idée super perso. Parce que lorsque t’es un sale pauvre, tu sais faire tes lacets avant d’apprendre à lire, et quand tu vois quelqu’un qui les a défaits, tu te moques pas de lui, tu les lui faits et si tu as le temps t’essaies de lui apprendre.
Merci pour ton témoignage :)
Wow, tu vas très loin et très vite !
Vraiment? Je partage juste mon étonnement et un certain… malaise, tout en précisant que j’approuve le fait d’aider ceux qui en ont besoin. J’aurais du écrire quoi pour ne pas aller ‘très loin et très vite !’?
J’imagine sans mal que ce soit mal vu de ne pas être enthousiaste par défaut mais je reste sur mon questionnement: c’est quoi le but (on veut/va faire quoi?) et, si on se débarrasse de ce genre de jargon marketing qui ne veut pas dire grand-chose de concret — “mieux accompagner les étudiant·es de 1ᵉʳ cycle dans leurs parcours, faciliter leur intégration, encourager leurs initiatives et les former aux défis des territoires.” (source) — est-ce que ça ne ressemble pas à une tentative de traiter un symptôme plutôt que sa cause… si souci il y a?
Juste sur la capsule de sieste, franchement j’aurais bien aimé avoir ça quand j’étais étudiant
Je te rejoint sur le prix, même si la formulation laisse sous-entendre que ca a pas forcément coûté 12 millions, ca reste cher.
Par contre “se débrouiller et se gérer” c’est facile en théorie, mais le cumul premier job, premier appart’, nouvelle ville, se sociabiliser de zéro, trouver un nouveau médecin, etc. Je sais pas si tu as déjà fait et oublié, perso j’appellerai pas ca facile.
Et oui, les étudiants de première année sont des gros bébés avec un permis de conduire. Mais ca a toujours été le cas et ca sert à rien de les pousser de force dans le grand bain d’eau froide de la vie, ca fait très mal et ca améliore rien du tout.